Entretien avec Émilie Seron

Comment est né ce projet ?

Ce projet est né en vacances sur une île au Danemark. Après de longues conversations avec une amie sur les ovnis, j’ai gardé en tête ces histoires de soucoupes et d’êtres étranges venus d’ailleurs. J’ai commencé à dessiner et l’histoire est venue. Des souvenirs d’enfance s’en sont mêlés, des vacances en famille, des jeux de groupes où les petits et les grands partagent des jeux et des rôles.

Qui est Nyanya et que représente ce grand bébé pour elle ?

Nyanya est une jeune enfant, un peu malmenée par les grands. La rencontre avec le Bébé va transformer une après-midi d’ennui où elle est mise à l’écart en un événement spécial qui sera son secret et mettra Nyanya à une nouvelle place. Quand on est la petite un peu laissée de côté, un peu la cible des blagues des grands, il faut peut-être une apparition aussi magique et aussi dingue pour que s’amorce un changement ?

Il y a une inversion des rôles habituels puisque l’enfant est le petit être étrange et le bébé humain, l’envahisseur. Je trouvais ce renversement intéressant à notre époque où l’anthropocentrisme est fortement remis en question. Cela renvoie au fait que certainement les humains sont des êtres étranges pour les autres espèces.

Les décors sont oniriques et truffés d’étrangeté. Quelle technique utilises-tu ? Quelles sont tes inspirations visuelles ?

Le trait est à l’encre de Chine puis j’utilise de l’aquarelle et des encres colorées. Pour Nyanya, je me suis inspirée d’une petite ampoule de Noël ancienne. J’aime travailler à partir d’objets et d’images de différentes provenances. Je trouve les objets sur des marchés aux puces. Ce ne sont pas des achats, ce sont des adoptions.

Certains objets me touchent, je les vois comme habités, je sais déjà en les emmenant que je les dessinerai. Pour les décors, je me suis amusée avec des décors d’aquariums artificiels et leurs couleurs vives. J’aime que la végétation vive sa vie comme un personnage de l’histoire et qu’elle contribue à son étrangeté. Pour les plans larges, j’avais aussi en tête des paysages de l’île danoise.