Entretien avec Camille Louzon

Tu es autrice et illustratrice. Qu’est-ce qui vient en premier dans tes créations, le texte ou l’image ? Est-ce le même cheminement pour Dès Potron-Minet ?

Les deux viennent un peu en même temps... Quand j'imagine un livre, me vient d'abord une idée, souvent liée à l'envie de peindre "tel paysage" - "tel personnage" - "tel type de décor", etc... Puis, je commence à écrire une trame, un texte, ou quelques balbutiements. Les images viennent ensuite, mais je peux tout à fait reprendre le texte en pleine création des images (mêmes finales). C'est un ping pong permanent et c'est comme cela que j'ai procédé pour Dès Potron-Minet (d'ailleurs, le texte ET l'idée étaient assez différents au tout début).

Tu es professeure des écoles en arts plastique, comment ce contact permanent avec les enfants influence ta démarche et ton univers ?

Si ce contact permanent avec les enfants a influencé ma démarche et mon univers, c'est de manière assez discrète et inconsciente, car ce travail est tellement prenant et, surtout, fait appel à des méthodes éducatives bien particulières (pas de projet "long", il faut répondre à un certain programme, évaluer, être dans l'"efficacité"...) qui ne font pas spécialement écho à ma pratique. Par contre, quand j'ai l'occasion de faire un projet spécial avec mes élèves (et je fais ainsi toujours un petit livre ou un projet narratif) je remarque des choses qui peuvent m'inspirer, et encore plus quand je les fais travailler à partir de mes livres existants.

Dans tes albums précédents, les personnages humains ne sont quasiment pas présents. C’est différent avec Dès Potron-Minet car tu mets en regard une petite fille et un écureuil.

En effet, le seul humain que j'avais représenté dans mon travail éditorial est Basile du Ventre de Basile (éditions Magnani, 2013), et le pauvre était scindé en deux, donc à moitié humain. J'ai beaucoup plus de facilité et je m'amuse bien plus en représentant des animaux, qui peuvent être selon moi "débarrassés" de toute question de genre, d'âge, etc. Pour Dès Potron-Minet j'ai eu envie de représenter une petite fille qui ressemble un peu à la mienne (Rosalie, qui aura 4 ans et des brouettes à la sortie du livre, donc un peu le même âge que le personnage) car je crois - bien que ce soit un lieu commun - que la voir grandir ces dernières années m'a inspiré des mimiques, des façons de vivre le quotidien, des expressions... Je n'avais pas spécialement cette inspiration quand elle était bébé (et j'étais un peu trop occupée pour penser !).

Tu réalises tes images à la gouache. Quelles sont tes étapes de travail ?

Je fais un croquis assez rapide (et pas spécialement au format final) de l'image, puis peins assez vite en ne définissant que les lignes principales (horizon, grosses masses comme les architectures, les gros objets, les collines etc). Ensuite, les détails viennent se superposer peu à peu sur l'image sans forcément que je les esquisse (parfois, je me rate, et je le regrette). Je travaille assez vite - souvent trop - et refais beaucoup mes images. J'espère aller vers le mieux en étant plus soignée et patiente, mais, visiblement, ça ne prend pas. C'est sûrement comme cela que j'arrive à satisfaction !


Dès Potron-Minet
Camille Louzon

C’est un dimanche joyeux, partagé du matin au soir par une petite file et un écureuil, entre cabanes improvisées, gros goûters, petites bêtises et parties de cache-cache…