Karen Hottois nous parle
de Boubou en était sûr


"D'habitude, j'écris avec des animaux... Peut-être parce que j’étais enceinte de mon fils, quand j’ai écrit ce texte, ai-je voulu écrire un petit garçon rêveur.

Mes grands-parents m’ont beaucoup écrit de lettres, de cartes postales. J’ai gardé ces courriers. Avec ma sœur, on échangeait des petits mots que l'on se passait sous les portes de nos chambres respectives, surtout quand on se faisait la tête ou qu’elle me faisait du chantage !

J’avais fait une boîte à lettres spéciale pour les échanges avec ma mère, très petite, jaune en carton avec une étoile et un cœur. Je lui ai longtemps laissé des petits mots dans cette boîte. Et puis à l’école, j’ai adoré envoyer à travers la classe plein de petits mots à mes copines, j’en ai gardé, mais ils sont incompréhensibles maintenant.

On peut lire et relire, toucher les petits mots. On peut les embrasser pour leur souhaiter d'arriver à bon port, on peut respirer le reste d’une odeur sur leur dos, on peut pleurer et diluer avec ses larmes une encre de couleur... Bien sûr, aujourd’hui on peut toujours embrasser son téléphone mais ça ne sera jamais aussi doux que d’embrasser du papier, surtout s’il est parfumé ou froissé.

On peut garder un petit courrier dans le creux de sa main, on peut le glisser contre sa poitrine, on peut le cacher entre sa pile de vêtements... Il y a le plaisir de plier et de déplier. De cacheter et de décacheter. Cela me semble très important de continuer à transmettre cela, malgré le téléphone, malgré l’ordinateur, malgré les mails. Sur papier, il peut y avoir des secrets, il peut y avoir des couches et des sous-couches, on peut raturer, tacher, il peut y avoir des interstices, il peut y avoir ce qu’on lit entre les lignes...

Je crois que mon album dit que l’enfance est faite de secrets, qu’elle est toute rouge, essoufflée, qu’elle a parfois la gorge nouée, qu’il faut du courage et que c’est chouette d’être amoureux !"


Boubou en était sûr
Karen Hottois &
Emilie Séron

Un matin, Boubou se réveille frappé par l’évidence de ses sentiments pour Nadia. Il attrape une feuille, écrit les mots « J’en étais sûr ! » et charge son rat, Fromage, de lui porter la lettre.